Pourquoi ce réseau ?

La conchyliculture, et principalement l’élevage de l’huître creuse, Crassostrea gigas, constitue la principale activité aquacole française. Cette activité repose en grande partie sur le recrutement naturel de l’espèce qui assure 70% des besoins en jeunes huîtres (naissain). Or, depuis plusieurs  années, dans les bassins d'Arcachon ou de Marennes Oléron, les principaux centres de captage français pour l’huître creuse, la collecte du naissain ou captage devient très variable:  à des années de captage faible succèdent des années pléthoriques.

En parallèle, le captage peut désormais se pratiquer de plus en plus vers le nord, à la faveur du lent réchauffement des eaux. Ainsi, la Baie de Bourgneuf, la Baie de Vilaine mais aussi la Rade de Brest sont devenues, peu à peu, des lieux où un nombre croissant d’ostréiculteurs pratiquent avec succès le captage, mais avec, là aussi, des irrégularités dans le recrutement qu’il convient de comprendre. En outre, les ostréiculteurs de la lagune de Thau souhaitent aussi pouvoir disposer d’un naissain capté localement.

Par ailleurs, introduite en France depuis plus de 50 ans,  l’huître creuse s’est particulièrement bien implantée de façon naturelle sur la façade atlantique. Les habitats (récifs) crées par cette espèce ingénieur  rendent désormais de nombreux services éco-systémiques, au premier rang desquels l’augmentation de la biodiversité, la fourniture d’habitats-refuges ou de nurseries pour d’autres espèces. C’est parfois plus de 50 espèces différentes qui profitent ainsi de ces habitats biogéniques. 

Or, le changement global qui s’opère, avec une modification progressive des régimes de temps associée à une augmentation de la variabilité climatique, est probablement pour partie à l’origine des carences et des irrégularités de recrutement que l’on constate ces dernières années. Par ailleurs, les crises de mortalités à répétition qui touche l'huître creuse depuis 2008 menacent également les bancs sauvages. Comprendre la dynamique du recrutement de cette espèce constitue donc un véritable enjeux qui passe nécessairement par la mise en place et le maintien dans la durée d’un système d’observation côtier de la reproduction de cette espèce avec différents sites d’études répartis sur notre territoire.

Crée en 2008, le réseau national d’observation de la reproduction de l’huître creuse - le réseau Velyger - apporte désormais, chaque année, sur six écosystèmes différents, tout une série d’indicateurs biologiques (maturation, date de ponte, abondance larvaire, intensité du recrutement) dont l’analyse croisée avec des indicateurs hydrologiques et climatiques permet progressivement de mieux appréhender les causes de variabilité du recrutement de l’huître creuse en France, véritable sentinelle de nos écosystèmes côtiers soumis au changement climatique. Il vise aussi à mieux caractériser la ressource génétique des précieux bancs sauvages tout en surveillant leur état général.